*** Quelques chansons ***
du cahier de Maximin au 30ème RI
(1912 - 1914)

 

 

 


Chansons françaises

Extraits du cahier de chants de Maximin Armanet

Allobroges


Je te salue, ô terre hospitalière
Où le malheur trouva protection
D'un peuple libre arborant la bannière
Je viens fêter la constitution
Proscrite hélas ! un moment de la France
J'ai pu passer chez vous des jours bien doux
Mais au foyer a relui l'espérance
Et maintenant je suis fier de vous.

Refrain
Allobroges vaillants !
Dans vos vertes campagnes
Accordez-moi toujours asile et sûreté
Car j'aime à respirer
L'air pur de vos montagnes
Je suis la Liberté ! la Liberté !


Au cri d'appel des peuples en alarme,
J'ai répondu par un cri de réveil
Sourd à ma voix ces esclaves sans armes
Restèrent tous dans un profond sommeil
Relève-toi ma Pologne héroïque
Car pour t'aider je m'avance à grands pas,
Secoue enfin ton sommeil léthargique
Et je le veux, et je le veux, tu ne périras pas.

(refrain)


Un mot d'amour à la belle Italie
Alsaciens vers vous je reviendrai,
Un mot d'amour au peuple qui supplie,
Forte avec tous et je triompherai.
En attendant le jour de délivrance
Priant les dieux d'écarter leur courroux
Pour faire luire un rayon d'espérance
Bons Savoisiens, bons Savoisiens, je resterai vers vous.

(refrain)


Déjà j'ai fait, oh ! beau pays de France
Sur les sillons briller mon arc-en-ciel
J'ai déjà fait pour ton indépendance
Le premier pas... pays béni du ciel,
Ecoute bien mes leçons salutaires,
Et confiant en ta grande cité,
Réveille donc les grands mots de tes pères
Fraternité, fraternité, amour, égalité.

(refrain)


L'Hirondelle du faubourg


A l'hôpital c'est l'heure de la visite
Le médecin en chef passe devant les lits :
Le numéro treize, qu'est-ce qu'elle a cette petite ?
C'est la blessée qu'on amena cette nuit
N'ayez pas peur, faut que je sonde vos blessures
Deux coups de couteau... près du coeur... y a plus d'sang !
Non, pas perdue... à votre âge on est dure
Seulement tout de même faut prévenir vos parents !
Mais la mourante alors a répondu :
Je suis toute seule depuis que maman n'est plus.

Refrain
On m'appelle l'Hirondelle du Faubourg
Je ne suis qu'une pauvre fille d'amour
Née un jour de la saison printanière
D'une petite ouvrière
Comme les autres j'aurais peut-être bien tourné,
Si mon père au lieu de m'abandonner
Avait su protéger de son aile,
L'Hirondelle


Le docteur reprit : Vous portez une médaille
C'est un cadeau, sans doute, de votre amant ?
Non c'est le souvenir de l'homme, du rien qui vaille
De l'homme sans coeur qui trompa ma maman !
Laissez moi lire : André, Marie-Thérèse
Mais je la reconnais cette médaille en argent
Et cette date : Avril quatre-vingt-treize !
Laissez-moi seul, je veux guérir cette enfant
Vous me regardez tous avec de grands yeux
C'est mon devoir de soigner les malheureux.

Refrain
On l'appelle l'Hirondelle du Faubourg
Ce n'est qu'une pauvre fille d'amour
Née un jour de la saison printanière
D'une petite ouvrière
Comme les autres elle aurait bien tourné,
Si mon père au lieu de l'abandonner
Avait su protéger de son aile,
L'Hirondelle


Le numéro treize toujours quarante de fièvre
Oui... ça ne va pas comme je l'avais espéré
Je vois la vie s'échapper de ses lèvres
Et rien à faire... rien... pour l'en empêcher !
Je suis un savant, j'en ai guéri des femmes
Mais c'est celle-là que j'aurais voulu sauver.
La voilà qui passe... écoute retiens ton âme
Je suis ton père ma fille bien-aimée...
Je ne suis pas fou... je suis un malheureux
Vous mes élèves, écoutez... je le veux.

Refrain
On l'appelait l'Hirondelle du Faubourg
C'était une pauvre fille d'amour
Née un jour de la saison printanière
D'une petite ouvrière
Comme les autres elle aurait bien tourné,
Si lâchement au lieu de l'abandonner
J'avais su protéger de mon aile,
L'Hirondelle.


Le Temps des cerises


Quand nous chanterons le temps des cerises,
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête !
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au coeur !
Quand nous chanterons le temps des cerises,
Sifflera bien mieux le merle moqueur !


Mais il est bien court, le temps des cerises,
Où l'on s'en va deux, cueillir en rêvant
Des pendants d'oreilles...
Cerises d'amour aux robes pareilles,
Tombant sous la feuille en gouttes de sang...
Mais il est bien court, le temps des cerises,
Pendants de corail qu'on cueille en rêvant !


Quand vous en serez au temps des cerises,
Si vous avez peur des chagrins d'amour,
Évitez les belles.
Moi qui ne crains pas les peines cruelles,
Je ne vivrai point sans souffrir un jour...
Quand vous en serez au temps des cerises,
Vous aurez aussi des peines d'amour !


J'aimerai toujours le temps des cerises,
C'est de ce temps-là que je garde au coeur
Une plaie ouverte...
Et dame Fortune en m'étant offerte
Ne pourra jamais fermer ma douleur...
J'aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au coeur !


Auprès de ma blonde


Dans les jardins de mon père les lilas sont fleuris
Tous les oiseaux du monde Viennent y faire leurs nids.

Refrain
Auprès de ma Blonde
Qu'il fait bon, fait bon, fait bon,
Auprès de ma Blonde
Qu'il fait bon dormir.


Tous les oiseaux du monde viennent y faire leurs nids.
La caille, la tourterelle et la jolie perdrix.

(Refrain)


La caille, la tourterelle et la jolie perdrix.
Et la blanche colombe qui chante jour et nuit.

(Refrain)


Et la blanche colombe qui chante jour et nuit.
Qui chante pour les filles qui n'ont pas de mari.

(Refrain)


Qui chante pour les filles qui n'ont pas de mari.
Mais ça n'est pas pour moi, car j'en ai un joli.

(Refrain)


Mais ça n'est pas pour moi, car j'en ai un joli.
Il est de la Hollande, les Hollandais l'ont pris.

(Refrain)


Il est de la Hollande, les Hollandais l'ont pris
Que donneriez-vous, belle, pour le voir au pays ?

(Refrain)


Que donneriez-vous, belle, pour le voir au pays ?
Je donnerais Versailles, Paris et Saint-Denis.

(Refrain)


Je donnerais Versailles, Paris et Saint-Denis,
La tour de Babylone et le clocher de mon pays.

(Refrain)


En revenant de noces


En revenant des noces, j'étais bien fatigué (bis),
Auprès d'une fontaine je me suis reposé.

Refrain
Ah, je l'attends, je l'attends, je l'attends,
celle que mon coeur aime!
Ah, je l'attends, je l'attends, je l'attends,
celle que mon coeur aime tant!


Auprès d'une fontaine je me suis reposé,
Et L'eau était si claire que je m'y suis baigné.

(Refrain)


A la feuille d'un chêne, je me suis essuyé (Refrain)

A la plus haute branche, le rossignol chantait, (Refrain)

Chante beau rossignol, toi qui a le coeur gai. (Refrain)

Car moi je ne l'ai guère, mon amie m'a quitté (Refrain)

Pour un bouton de rose que je lui ai refusé (Refrain)

Je voudrais que la rose soit encore au rosier (Refrain)

Que le rosier lui-même soit encore à planter (Refrain)

Et que la terre elle même soit encore à bêcher (Refrain)

Et que la bêche elle même soit encore à forger (Refrain)

Et que la forge elle même soit encore à élever (Refrain)

Que le forgeron même n'ai jamais existé (Refrain)

Ma belle-mère est épatante


Ce fut pour moi un jour radieux
Celui où je devins amoureux
Ce n'est pas que ma femme soit un doux mésange
Ni même un ange
Tombé des cieux
Mais sa mère comme une tartine de miel
Est sucrée et pour moi c'est le ciel
Lorsque chaque jour la voit
Etre aux petits soins pour moi
Et me rendre plus heureux qu'un roi.

Refrain
Ma belle-mère est épatante
Elle est douce elle est charmante
Si elle me quittait ça serait un grand malheur
Rien qu'd'y penser mes yeux se mouillent de pleurs
Chaque matin sans épates
Elle me fait mon noeud d'cravate
C'est encore elle qui me donne mon chocolat
Et quatre sous pour mon tabac.


Dès que je suis sorti de mon lit
Elle s'inquiète si j'ai bien dormi
Puis elle s'occupe de ma toilette
Reprise mes chaussettes
Mes vieux habits
Comme elle craint de me voir malade
Elle me fait boire un verre de limonade
Et quand je pars travailler
Elle ne peut pas s'empêcher de pleurer
Ça lui fait tant de peine de me quitter.

Refrain
Ma belle-mère est épatante
Elle est douce elle est charmante
Le soir quand je rentre comme je suis fatigué
C'est elle qui veut me retirer mes souliers
Puis sans reprendre son souffle
La voilà qui me mets mes pantoufles
Y a pas d'erreur, des belle-mères comme celle là
Vraiment y en a pas des tas.


Nous causons politique très souvent
Belle maman explique son sentiment
Au sujet de notre loi nouvelle
Dit que la querelle
De tant de braves gens
Finirait si les mauvaises belle-mères
Pour cinq ans partaient à la frontière
Ça ferait au gouvernement
Plus de cinquante régiments
Et pour les gendres quel soulagement.

Refrain
Ma belle-mère est épatante
Elle est douce elle est charmante
De la Joconde elle a le rire enchanteur
Et c'est chez moi comme un bouquet de fleurs
Quand ma femme me fait une scène
Et qu'elle me voit dans la peine
Pour m'consoler elle me dit mon petit coco
Viens je paye le pernod.


Valse des faubourgs


Un minois chiffonné
De grands yeux étonnés,
C'était une petite midinette
Elle avait dix sept ans
Jolie fleur de printemps
N'ayant pas encore eu d'amourette
Lorsque venait le soir
Seule, il fallait la voir
Trottiner sans détourner a tête
Car le long du chemin
Elle songeait au refrain
Que sa mère lui disait chaqu' matin

Refrain
N'écoute pas, petite midinette
Le long des faubourgs
Ceux qui partent d'amour
Suis ton chemin, sans que rien ne t'arrête
Garde ton coeur, petite midinette


Un beau soir, cependant,
Elle s'arrêta devant
La vitrine d'une grande bijouterie
Un jeune homme approcha
Et tout bas murmura
« Choisissez ce qui vous fait envie !
Je vous aime depuis longtemps
Pour moi le plus beau des diamants
Ne vaut pas votre cour, ma jolie »
«Monsieur J'vous r'mercie bien
Répondît le trottin
Mais je fais comm' le dit mon refrain

(Refrain)


La mignonne partit
Mais le jeune homme la suivit,
Et le lendemain, sans plus de cérémonie
Chez les parents il vint
Pour demander la main
De celle qu'il aimait plus que la vie
On les maria tous deux
Et depuis l'amoureux
Chaque jour trouve sa femme plus jolie
Et c'est lui maintenant
Qui lui dit tendrement
Le refrain que chantait la Maman

(Refrain)


Caroline


Voilà huit heures qui sonnent, c'est dimanche mon coco,
Déjà le soleil rayonne à travers les rideaux,
J'ai touché ma quinzaine, si tu le veux tantôt
Nous irons à Vincennes, dîner au bord de l'eau,
Vite en bas du lit, passe moi mes habits
Et jetons du jus dans Paris

Refrain
Caroline, Caroline, mets tes petits souliers vernis
Ta robe blanche des dimanches
Et ton grand chapeau fleuri.
Caroline, Caroline, t'arrête pas comme ça en chemin
Marche plus vite, ma petite
Tu vas nous faire rater le train


Installons-nous ma chère sur le bord du talus,
Mets un journal par terre, on va manger là-dessus.
Pourquoi que tu fais la tête, tu n'as qu'à faire comme moi
Quand on n'a pas de fourchette, on mange avec les doigts.
T'as fini déjà, ah! quel estomac
Où que t'as donc fourré tout ça?

Refrain
Caroline, Caroline, on a tout de même bien dîné,
Plus personne, viens mignonne,
C'est le moment d'aller se promener.
Caroline, Caroline, les petits oiseaux font cui-cui
Sur la mousse, fraîche et douce
Moi je le ferais bien aussi.


Mais là-bas il y a la fête, j'entends l'accordéon,
Prépare tes gambettes, on va faire un boston.
Je cède à tous ces caprices, je te paie un mirliton,
Un cochon de pain d'épice, ouse qu'il y a mon nom.
Tu le mangeras
Quand je serai pas là
Ça te fera penser à moi.

Refrain
Caroline, Caroline, relève ta jupe en dansant,
Aie de l'allure, va en mesure
On se croirait chez le président
Caroline, Caroline, qu'est ce qu'ils ont à nous regarder
Tu me fais honte, allons, remonte
Ton pantalon qu'est tombé.


C'est pas de chance, ma poulette, voilà qu'il tombe de l'eau,
Mets ta jupe sur ta tête pour garer ton chapeau
Moi je te suis par derrière, ta chemise dépasse un peu
Mais, grâce à ta bannière, je te perdrai pas des yeux
Nous voilà arrivés
Ce qu'on est éreinté
C'est pas trop tôt de se reposer.

Refrain
Caroline, Caroline, Ah! ce qu'on est bien dans son lit
Tu soupires, tu veux rire,
Ça c'est pas pour aujourd'hui
Caroline, Caroline, veux-tu bien retirer ta main
Pas de tapage, si t'es sage
Ça sera pour dimanche prochain.


Tu ne sauras jamais


Refrain
Non tu ne sauras jamais
O toi qu'aujourd'hui j'adore
Si je t'aime ou si je te hais
Si je raille ou si je souffre encore
En vain dans mes yeux diserait
Tu cherches à lire en moi-même
Tu voudrais savoir si je t'aime
Mais je ne le dirais jamais


Je fus autrefois
Assez fou pour être sincère
J'eu la faiblesse, une fois
De parler de ma misère
Et quand de mon coeur
Elle a su toute ma détresse
La belle a raillé ma tendresse
Et ri de ma douleur !

(Refrain)

Et si quelque jour
En voyant mes yeux pleins de larmes
Tu te doutes à ton tour
Qu'enfin ma fierté désarme
Sans dire pourquoi
Je fuirai, cachant ma blessure
Et tu ne seras jamais sure
Que j'ai pleuré pour toi !

(Refrain)


Petit tambour


Un petit tambour revenait de la guerre
Revenait de la guerre
Plan Plan Rataplan
Qui revenait de guerre
Rataplan Plan Plan


La fille du roi était à sa fenêtre...
Fille du roi veux tu être ma mie...
Petit tambour demande à mon père...
Sire le roi veux tu m'donner ta fille ? ...
Petit tambour tu n'es pas assez riche...
Sire le roi, immenses sont mes richesses...
Petit tambour quelles sont donc tes richesses ? ...
Mes richesses sont mon tambour, mes baguettes ...
J'ai trois vaisseaux sur la mer qui naviguent...
L'un chargé d'or, l'autre d'argenterie...
Et le troisième est pour ma mie...
Petit tambour prends la je te la donne...
Sire le roi tu peux garder ta fille...
Dans mon pays y en a de plus jolies...
Que j'épouserai mes deux années finies...


Je meurs d'amour


Quand jadis au printemps de la vie
Ignorant la peine et le chagrin
Je rêvais dans les sentiers fleuris
A l'amour, à ses baisers divins
Et lorsque tous deux à mes nouvelles
Coeur à coeur, on se fit des serments
J'espérai une idylle éternelle
Je me trompai car maintenant

Refrain
Je meurs d'amour pour toi
Regrettant les heures trop brèves
Où follement comme un rêve
Tu te donnais à moi
Reviens comme autrefois
Consoler celui qui t'implore
Car loin de ton coeur que j'adore
Je meurs d'amour pour toi.


Bien souvent tu me fut infidèle
Et pourtant je ne t'avais rien dit
Mais hélas qu'elle douleur cruelle
Un matin pour toujours tu partis
Blasphémant dans un affreux délire
J'aurais tiré, je désirais ton sang
Et j'avais juré de te maudire
A tout jamais et cependant.

(Refrain)


Nous sommes les pauvres trouffions


Dans le beau métier militaire
Le dimanche pour se distraire
On va se promener le long des trottoirs
Jusqu'à l'heure de la soupe du soir
Alors on regarde aux terrasses
Les gens qui mangent des choses cocasses;
On se dit ça doit être fameux
Et on en mange avec les yeux
Ca nous donne faim et en rentrant
On trouve le rata épatant !

Refrain
Nous sommes les pauvres trouffions
Qui dans les poches n'ont pas le rond
Marchant mélancoliquement, nonchalamment;
Et quand on passe devant les restaurants,
Aux ceinturons nous ajoutons deux crans
Nous reniflons, puis nous repartons
Nous sommes les pauvres trouffions

Mais quand le printemps nous emflamme
Et que l'on voit une belle fleur
Derrière elle on emboite le pas
On se dit vas y mais on ose pas
Elle nous regarde, on se rapproche
Mais voilà qu'on tâte au fond de sa poche
Les pauvres cinq sous qu'on vient de toucher
On se dit vraiment c'est pas assez
Et tristement on fait demi-tour
En soupirant adieu l'amour

Refrain
Nous sommes les pauvres trouffions
Qui dans leurs poches n'ont pas le rond
Marchant mélancoliquement, nonchalamment;
Devant les femmes on s'arrête souvent
Pour comparer le derrière et le devant
Nous les regardons et puis nous repartons
Nous sommes les pauvres trouffions

Un soir d'hiver une bonne mère
Me dit, Monsieur le militaire
J'ai pas mangé depuis hier matin
Et ma gosseline se meurt de faim
Ce que j'avais sur moi on le devine
C'était pour boire à la cantine
Mais rien que de voir une femme en pleurs
Moi ça me chavire le coeur
J'aurais voulu donner vingt sous
Mais je ne l'ai jamais eu d'un coup.

Refrain
Nous sommes les pauvres trouffions
Qui dans leurs poches n'ont pas le rond
Marchant mélancoliquement, nonchalamment;
Et quand un malheureux nous tend la main
On lui dit : je vais partager en copain
Je n'ai que quatre sous, tient voilà deux ronds
Nous sommes les pauvres trouffions


C'est la gloire


Quand par delà la frontière
On insulta le Drapeau
Dans un élan de colère
Nous chanterons aussitôt
C'est la guerre, la guerre, la guerre
C'est la guerre qu'il nous faut !

On sort de la vieille armoire
Képi, tunique et flingot
En trinquant à la victoire
Nous vidons un dernier pot
C'est à boire, à boire, à boire
C'est à boire qu'il nous faut !

Et voilà gaiement la troupe
Qui s'en va le sac au dos
A travers la plaine en coupe
Et l'on fredonne au repos
C'est la soupe, la soupe, la soupe
C'est la soupe qu'il nous faut !

Quand la (*)siane sonne "en route"
On s'éveille en sursaut
Cantinière ! On y voit goutte !
Par où donc est le tonneau ?
C'est la goutte, la goutte, la goutte
C'est la goutte qu'il nous faut !

Tout à coup une décharge
Tous couchés en tas sur le dos...
Le clairon d'un souffle large
Nous fait frémir jusqu'aux os
C'est la charge, la charge, la charge
C'est la charge qu'il nous faut !

Les Pruscos en avalanche
Nous ont déboutés bientôt
Et le soir sur la neige blanche
Nous couvre de son manteau
C'est la revanche, la revanche, la revanche
C'est la revanche qu'il nous faut !

France il est dans ton histoire
Une page noire en trop
France il nous faut la victoire
Pour venger notre Drapeau
C'est la gloire, la gloire, la gloire
C'est la gloire qu'il nous faut !

(*)Ici, Maximin a fait une petite coquille car il s'agit en fait de la "diane" :
la Diane était (est toujours dans certains régiments mais via un haut parleur)
la sonnerie du réveil, celle qui annoncait le début d'une journée de travail
mais aussi parfois de combats.


Ma vie militaire

Quand je partis au régiment
Pour aller à la guerre
J'men souciant point vraiment
D'abandonner ma mère
Mais fallait portant bé
Prendre ses guêtres et s'en aller

Y m'emmenions bé loin. Vit-on
A l'autre bout de la terre
Ceux qui savions point mon nom
M'appelions militaire
J'avions une grande maison
Que j'appelions la garnison

Y mont baillé un grand habit
Pendant j'usqu'au derrière
Une grande capote, un grand fusil
Un sabre, une carnassière
Ou fallait se tenir droit
Aussi ben qu'on pique un piquet

Y m'y mettions en faction
Derrière une citadelle
Ceux là qui savions poué mon nom
M'appelions sentinelle
O passait pas un chat
Sans que j'm'écrions : Qué tout que ça

Tambourinions sur dobouessias
Avec que do baguettes
Et j'pibollions do pibollias
Et branlions do sounettes
On aurait des loups
Qu'on aurait tirés par le cou

Y'en avait dessus des chevaux
Qui faisions ben leurs maitres
Y z'avions des grandes plumes de jô
Plantées dessus leurs têtes
Et des points d'ardeillons
Tout à l'entour de leurs talons.


Derrière la caserne

Quand on arrive au régiment
On est bête, on est novice
Mais on vous dégourdit rapidement
En vous faisant faire de l'exercice
Après six mois de ce travail là
On est heureux d'être soldat
Et le soir, en montant la faction
L'on se fait ces petites réflexions...

Parlé
Oh ce n'est pas des petites réflexions qu'on se fait, c'est des grandes. Les factions c'est grave, c'est tout, c'est la base. De la force du machin, de la solidité de l'édifice, de l'armée française, nos aïeux les grenadiers de l'empire montaient la faction sous le soleil de feu de la Russie, sous les sables brûlants de la Bérésina et même sur les glaces de l'Egypte aux pieds des pyramides.
Heureusement que nous c'est pas si loin qu'on va. Oh non !

Refrain
C'est derrière la caserne
Le long d'un mur
Dans une rue sans lanterne
On y voit pas bien clair
Ca ne fait rien, on est tout de même un peu fier
Et dans la nuit sereine
Tranquillement on se promène
En portant son fusil,
On est content de servir son pays

Tous les soldats de mon régiment
Ont fait le sacrifice de leur vie
Nous, prêts à verser notre sang
Pour défendre la patrie
Et ça fait un fameux branlebas
Quand le clairon sonne tout le monde en bas
Du colon jusqu'au plus petit troupier
Subito tout le monde est sur pieds...

Parlé
Oh oui, on est bien en train de pioncer quand tout à coup on entend un bousing de tous les diables, les clairons braillent, les tambours sonnent, on se réveille en sursaut, on s'habille à la va-vite, on fout le camp au pas de gymnastique et quand on arrive, dans les champs on s'aperçoit que c'est le colonel qui vous y a foutu une blague. Alors on s'amuse à la petite guerre. C'est que tout le monde ne peut pas aller au Tonkin, au Maroc ou à Madagascar pour défendre sa patrie.
On la défend tout de même seulement nous voilà !

(Refrain)

Quand on a fini tout le fourbi
Le capitaine comme récompense
Nous donne la permission de la nuit
De rentrer ça nous dispense
Ce n'est pas grand chose qu'un bout de papier
Mais ça fait le bonheur du troupier
Car avec cette petite permission
Nous allons où nous voulons

Parlé
Ca c'est pas vrai car ce n'est pas avec un sou par jour qu'on gagne, qu'on peut aller où on veut. J'en vois qui reçoivent des mandats de vingt sous ou de 2 francs. Oui, j'en ai vu de ceux là alors qui vont se promener avec leur connaissance à la campagne, dans les restaurants où qu'il y a écrit: vins et liqueurs, jardins et bosquets, sophas et canapés, on peut apporter son manger, aller vous coucher. Alors ceux là, ils ne s'embêtent pas !
C'est pas que je m'embête moi, non je m'embête pas non plus.
Seulement voilà, c'est pas là que je peut mener ma bonne amie, ça coûte trop cher !

Refrain
C'est derrière la caserne
Le long d'un mur
Dans une nuit sans lanterne
L'on y voit pas bien clair
Mais ça ne fait rien, on a pas besoin de lumière
Et dans la nuit sereine
Tranquillement, en vue d'une guerre prochaine
Je leur colle un petit conscrit
Et voilà comment je sers mon pays.


 

Les commandements du régiment


Douze mois encore tu seras
L'employé du gouvernement
Tireur au flanc tu deviendras
Pour les plisser plus doucement
A l'exercice tu assisteras
Sans te biler aucunement
Ton paquetage tu laveras
Que quand on te foureras dedans
Les jeunes bleus tu dresseras
Pour te servir rapidement
Pour ta santé il t'offrira
Un litre journellement
Au réveil il annoncera
Ton cafard hautement
Et le soir il te laissera
Roupiller très paisiblement
Sinon volte face il fera
Nombreuse fois la nuit durant
Et la fuite on fera
En partant du pied droit vivement.

Quand les corbeaux seront blancs et la neige tombera noire
Le souvenir de mes deux ans s'effacera de ma mémoire.

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