LE TRAVAIL DES FEMMES EN 1916

1. Conductrice de chariot électrique - 2. Vérificatrice d'obus de 155
3. Transport des obus - 4. Tourneuse de pièces d'aviation
5. Fabrication des canons de fusils.

"La journaliste Marcelle Capy, qui a enquêté sur les conditions de travail de la femme dans les usines d'armement, a été impressionnée par l'effort demandé aux femmes, notamment aux contrôleuses d'obus qui, onze heures par jour, manipulent 2 500 obus de 7 kilos, soit 35 tonnes. S'essayant à ce labeur pour tester ses capacités, Marcelle Capy doit déclarer forfait : Au bout de trois quarts d'heure, je me suis avouée vaincue. J'ai vu ma compagne toute frêle, toute jeune, toute gentille dans son grand tablier noir, poursuivre sa besogne. Elle est à la cloche depuis un an. 900 000 obus sont passés entre ses doigts. Elle a donc soulevé un fardeau de 7 millions de kilos." En ce qui concerne le salaire des femmes, la formule à travail égal salaire égal est partout bafouée. Dans une fabrique d'obus, un garçon de 15 ans touche de 12 à 15 francs et une mère de famille de 5 à 6. Les patrons osent justifier de telles différences en invoquant l'allocation touchées par les femmes de mobilisés."
Vivre à Paris pendant la Grande Guerre (Pierre Darnon, Ed. Fayard)

Jeanne Bourgeois, à 109 ans, se souvient des obus de 75 fabriqués chez Niclause... "Il n'y avait que des femmes, mis à part quelques hommes qui occupaient les postes à responsabilité. J'étais très bien considérée". Jeanne se souvient que Paris semblait à l'écart de la guerre, à l'exception des bombardements du début 1918. "Nous guettions les lettres que nos proches nous envoyaient du front. Nous lisions les communiqués de guerre qui permettaient de savoir où se trouvaient les troupes". Après la guerre, Jeanne s'installera à Péronne où elle continuera de travailler mais nombre de femmes n'auront pas cette possibilité. Dès le 13 novembre 1918, une circulaire leur demande de démissionner, histoire de laisser la place aux hommes et de repeupler la France. A la fin du mois, quatre ouvrières sur cinq ont perdu leur emploi. Et à la différence des Anglaises, des Danoises ou des Allemandes, qui obtiendront le droit de vote, les Françaises restent mineures au regard de la loi. "
Article paru le 7 novembre 2004 (Le Journal du Dimanche).

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