*** Cartes et lettres familiales ***
 

     
Four, le 14 août 1917 _ Melle Marie Louise Volland à Ste Anne d'Estrablin (Isère)
Bonne fête Bons baisers à tous. Maria Martelat

1914-1915 GAUTHIER Joseph (99eme RI)
commis de ferme chez Angèle Volland (ferme du Guillaud où Maximin reviendra en 1919)

27 février 1914
La fuite est longue, 933 jours (la "quille" était donc encore loin !)
25 juillet 1914
14 octobre 1914
formule finale de politesse habituelle de l'époque:
"et je vous sêres la main a tous bien fors. Gauthier Joseph"
14 mars et 4 avril 1915
4 et 19 avril 1915
5 juin 1915
Contrairement aux deux premières cartes de Joseph écrites à l'encre,
sur le front, les poilus utilisaient le crayon bleu ou noir !
1er juillet 1915
29 juin 1915 - 25 juillet 1915,
voila les permissions pour seullas qui sont sur le front mais moi
je pense de menalé au mois de septembre
comme ils fon partir les premiers arrivés sur le front...
21 septembre et 20 octobre 1915
 
24 octobre. Je suis de pasaje à Paris. Bonjour à tous, Joseph Gauthier.

"Les permissionnaires peu fortunés qui ne font que passer par Paris doivent,
s'ils veulent dormir, se contenter de bancs publics ou de l'asphalte.
Pour eux n'existe aucune oeuvre caritative,
les bonnes âmes ne pouvant tout de même pas héberger ces héros crottés.
Seuls les racoleurs ou les racoleuses leur offriront l'hospitalité pour mieux les dépouiller"

Vivre à Paris pendant la Grande Guerre, Pierre Darmon (Ed. Fayard)

 
La dernière lettre du 29 décembre 1915
sera adressée à Placide Volland, le fils d'Angèle

Cher Placide,
je técri donque saite carte pour te fair plaisir et pour te fair savoir de mes novèle.
Enfin je me porte toujour et jespèr que ma carte te trouvera de même en bonne santé
Cher Placide voilat le jour de lan et je te souaite bien eureut et en bonne santé
et que la guerre finisse ensetenlat et quon sera eureut tous.
Enfin cher Placide je fini ente serant la main bien fors.
Gauthier Joseph.


Monsieur Placide Volland a Ste anne d'Estrablin
par Chatonnay (Isère)

octobre 1918 - Lettres de condoléances (Placide)
Maximin est prisonnier en Silésie... une tragédie se prépare au village...

En 1909, à la mort de son mari, Angèle Volland avait 2 filles, Blanche et Marie-Louise, et son fils Placide à élever...

Trop jeune en 1914 pour aller à la guerre, Placide est mort tragiquement à 17 ans, en octobre 1918, l'année où la guerre pris fin !

S'il avait vécu, il aurait pris la ferme et Maximin ne serait sans doute jamais venu en 1919 et n'aurait pas épousé Marie-Louise...

C'était écrit !

Famille Badin: de droite à gauche: Angèle, Marie Martelat, Victorine et Adeline Badin
Joseph Badin, Emilie Faure (avec sa coiffe de Meyrieu), Placide Badin et Jean Badin

La famille Badin était de Meyrieu (les étangs) et on y trouvait six enfants, 2 garçons et 4 filles, dont Angèle, mariée à Emile Volland. En ce temps là, et longtemps après, encore, le deuil était sacré.... Elles étaient habillées de noir, dans leurs grandes robes tombant jusqu'aux chevilles. Un deuil succédant ou se superposant au précédent, il n'y avait que peu de chance pour les voir adopter un habit plus clair qui les aurait rajeunies.

Photo de gauche, une cousine, joséphine Badin qui faisait beaucoup "d'embarras" en parlant et qu'on appelait "Finon" ou "Chochote"; une sorte de "précieuse ridicule" avec son vélo et son chapeau !

Mais ce jour d'octobre 1918, le fils d'Angèle, le jeune Placide va travailler à la batteuse chez Berthier. Il est chargé de faire le "pailler" (meule de paille) et on lui passe la paille au bout d'une dague en bois. C'est l'arrêt du travail. Pour descendre du pailler, Placide se laisse glisser mais une dague était placée en bas et lui rentre dans l'aine...
Placide passa sa dernière nuit à attendre l'aurore qu'il ne devait pas revoir et répétait sans cesse à sa mère Angèle, dans le patois que tous parlaient alors "Mar qué tura té "... Mère quelle heure est-ce ?

avril 1919 (Maximin au 99ème RI)
revenu prisonnier d'Allemagne, Maximin est réaffecté au 99ème RI à Vienne.

1er avril: un plaisantin écrit à Maximin au C.H.R de Vienne (Compagnie Hors-Rang,
rassemble les moyens nécessaires au commandement et à la logistique du régiment)
Devinez qui ? Carte mystèrieuse !

avril-août 1919 (Maximin à Lyon)
Maximin, en attente de démobilisation, se retrouve à Lyon.
Correspondance avec Marie-Louise Volland sa future femme.

Lettre de Marie-Louise le 4 avril 1919
Réponse de Maximin le 10 avril 1919
27 avril 1919
dimanche 15 juin 1919
mardi 17 juin 1919
mardi 24 juin 1919
St-Jean (juin 1919)
mardi 1 juillet 1919
lundi 11 août 1919
 
Maximin sera démobilisé le 18 août 1919
et épousera Marie-Louise Volland le 29 novembre...

décembre 1919 (Maximin et Marie-Louise)
Maximin et Marie-Louise sont mariés.
La vie militaire est terminée, une nouvelle vie commence... .

Bien chers cousin et cousine (31 décembre 1919)
Bien cher frère et chère belle-soeur (5 janvier 1920)

Cher Cousin et chère Cousine

C'est avec un immense plaisir que j'ai reçu votre charmante carte m'annonçant de vos bonnes nouvelles et que votre voyage de noces s'effectuait dans de bonnes conditions. J'espère que vous êtes rentrés à bon port et que votre lune de miel se continue très belle dans le paisible pays de Ste Anne...
Si vous aviez renvoyé une semaine vous n'auriez pas si bien réussi, je pensais hier à Valentine qui ne devait pas être si fière sous la pluie !

Mais parfois le bonheur des uns provoque la jalousie des autres...

St Cyr, le 31 décembre 1919

Ma chère Marie Louise
Tu es bien fière tout de même depuis que tu es Mme Armanet ! Car la dernière fois que j'ai été te voir, tu m'avais promis de m'écrire souvent mais tu tiens guère parole. Enfin je t'excuses car t'as bien d'autres ouvrages maintenant que tu as un homme mais sois tranquille que je t'en ferais autant si je me marie enfin je pense que tu m'écriras bientôt et tu me diras si on est heureux à deux ! Autrement je me marierais jamais ! Tu me diras si tu as fait une belle noce et bon voyage. Je peux pas te dire quand je m'en irai te voir car j'en sais rien ! J'ai bien idée de plus remettre les pieds à Ste Anne enfin des fois à la fin janvier ou février mais pas sur ! Je suis bien ici et j'y reste. Je te fais en même temps mes souhaits de bonne année ainsi qu'à tous les tiens. Je souhaite que cette année s'écoule dans le bonheur et la paix et que tu promèneras tes gosses cette année comme ma carte te le montre. Quand tu me répondras, je t'écrirais plus longuement.
Chez M. ? St Cyr par Ste Colombe ?