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Le 140ème attaque la cote 193 (Maximin est blessé)
 

Front français le 25 septembre avant l'attaque : ligne rouge continue / Front français le 25 septembre au soir : ligne rouge hachée / Limite d'armée : ligne de croix rouge / Limite de corps d'armée : double ligne rouge / 1ères lignes allemandes : ligne bleue"

Ce 25 septembre 1915, ce fut une troupe sans cohésion, aux cadres rares et peu liés, une horde essoufflée qui, vers 11 heures aborda les pentes sud et sud-est de la cote 193, entre les routes de Tahure à Souain et de Tahure à Somme-Py.La cote 193 ne paraissait pas défendue. Quelques amorces de boyaux, encadrés par les trous de nos obus, escaladaient ses flancs pelés. Mais les premiers groupes qui prudemment, en franchirent le sommet, trouvèrent la contre-pente couverte de hauts et profonds réseaux. Derrière, il y avait des tranchées aux parapets bien réguliers, taillés à loisir, que notre bombardement n'avait pu atteindre, et qu'appuyaient de bas fortins de béton. Par endroit des allemands y agitaient les bras et leurs calots verdâtres en signe d'accueil ironique. Près de quatre kilomètres avaient été franchis par les vagues d'assaut. Les oreilles des hommes connurent de nouveau la voix déchirante des mitrailleuses, les hurlements des barrages. La "rase campagne" finissait là. L'ivresse de la victoire avait duré deux heures, et s'évaporait. Devant les infranchissables réseaux, les survivants de l'attaque se mirent à creuser la craie molle.

Vers midi, les cinq régiments ayant pour objectifs l'ouest de Tahure et la cote 193 étaient arrêtés devant la seconde position allemande. Et durant deux heures ils multiplièrent les tentatives pour en trouver le point faible et la forcer. Menées sans unité de commandement par des troupes fatiguées, elles échouèrent, toutes. Les tranchées ennemies étaient faiblement tenues, mais leurs flanquements par mitrailleuses avaient été bien étudiés, et le fils barbelé qui les couvraient, montés sur des piquets de fer, étaient d'un diamètre tel que nos meilleures cisailles ne les mordaient point. Pour y ouvrir des brèches, il eût fallu des torpilles, et une débauche d'artillerie. Seules, quelques batteries de campagne, ayant réussi à franchir le chaos des tranchées et le terrain détrempé, ravagé, conquis par les fantassins, commencèrent à régler leur tir, un peu après midi. Et toutes les liaisons étaient rompues; la rapidité de l'avance, les pertes en cadres, en hommes spécialisés, avaient empêché d'établir des lignes téléphoniques prévues. Le ciel bouché rendait impuissante l'aviation. Nos attaques mollirent, puis s'arrêtèrent et l'ennemi commença à réagir...

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