Journal "Le Matin"
Le fort de Vaux - 26 octobre 1916


Cinq contre-attaques allemandes ont été repoussées:
l'armée de Verdun, non satisfaite de la plus tenace défensive que n'ait jamais enregistré l'histoire, a reconquis en sept heures le terrain et les points stratégiques qu'elle avait mis cinq mois à céder. Elle frappe nos adversaires et le monde d'une surprise morale, ayant vaincu par une surprise militaire.
La surprise a toujours, depuis qu'il y a des hommes et qu'ils se battent, constitué le meilleur élément du succès. Dans la bataille napoléonienne, elle s'appelait "l'événement".
Si nous transportons ces préceptes aux champs de bataille de Verdun, nous en voyons l'application ajustée aux nécessités modernes. Le général Nivelle a gardé jusqu'à la dernière heure le secret non sur l'attaque elle-même, ce que la préparation moderne d'artillerie a rendu impossible, mais sur la valeur et l'ampleur même de cette attaque.

Puis, lorsque l'intensité et la durée du bombardement maintenu par ses canons ne devaient plus laisser à l'ennemi aucun doute sur l'étendue de ses intentions offensives, il a mis le succès dans le deuxième élément de la surprise, la vitesse.
Celle ci, dont le moteur est dans l'âme, demeure parmi les plus belles qualités guerrières de nos soldats. Et, au sein de cette guerre méthodique de matériel à laquelle nous sommes condamnés, il est utile de constater que les vertus du sang de nos ancêtres demeurent toujours parmi les gages les plus puissants de la victoire.


Commandant de Civrieux (Le Matin . Jeudi 26 Octobre 1916)
Le matin (le fort de Vaux serré de près)
"Le matin"
jeudi 26 octobre 1916
Henry de Jouvenel des Ursins en était alors le rédacteur en chef.
Colette, sa femme, notre célèbre romancière,
en prendra la direction littéraire en 1920.

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