Après une longue marche, en moyenne 15 km, les captifs étaient parqués dans un champ où ils devaient rester de deux à quatre jours, le temps pour le commandement allemand de les répartir vers les camps et organiser leur transport. Puis, après un regroupement avec des captifs d'autres secteurs, ils étaient orientés vers la gare d'embarquement. Enfin l'embarquement commençait... |
Le voyage se déroulait à
une vitesse moyenne de 10 km à l'heure
et le voyage pouvait durer de deux à
huit jours. On réservait aux captifs
des wagons de 4e classe, sans fenêtre
ni lampe d'éclairage. L'odeur
était infecte, les prisonniers n'ayant
aucun seau hygiénique, un coin de
wagon servait de toilettes...
LES BARBELES DES BANNIS (Jean-Claude Auriol, Ed Tirésias) |
29 juillet 1918, Maximin Armanet est fait
prisonnier et déporté en
Silésie... Quelques années auparavant, à Lauban, un prisonnier français écrivait à sa famille... Les lettres portaient la mention Kriegsgefangenensendung (envoi d'un prisonnier de guerre) et Greprüft (contrôlé) avec le nom du bureau de censure. Elles mettaient en moyenne un mois à parvenir à leur destinataire et les enveloppes et papier étaient achetés à la Kantine avec la "monnaie du camp" (Gefangenenlager Notgeld, monnaie sous forme de jetons, billets ou timbres estampillés au nom du camp et échangés avec les mandats reçus par les prisonniers). |
Ma chère
Renée, j'ai reçu cette semaine la lettre du 17 août. Je ne te dirai plus comme tes lettres et celles de la mère me causent de la joie, vous le savez. Je suis heureux des nouvelles que tu me donnes. J'ai reçu également des nouvelles de mon oncle et de mon avis, tout est pour le mieux. Je vous ai déjà adressé 3 lettres depuis Lauban. Sont-elles arrivées ? La semaine dernière, touché 2 colis de vous... Cette semaine 1 colis avec enveloppe en toile avec indication sur la dite "biscuits et conserves" mais ces dernières avaient fuit et il n'y avait qu'une boite de biscuits Olibert et quelques bonbons ! Et enfin, un précieux petit colis de fleurs. Puisqu'il m'est maintenant défendu de remercier, je dis cependant merci pour ce dernier et gentil envoi. |
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Tu trouveras inclue une photo. J'ai
d'autres photos que je vous enverrai quand je
saurai celle là arrivée. Tu pourras
te rendre compte que mon physique n'engage
pas à me plaindre. Il est de fait que
jamais je ne me suis aussi bien porté.
Il y a moins de dégat que peut-être
vous ne pensiez; les cheveux repoussent un
peu et ma balafre ne se voit plus guère.
Enfin quoi, impossible de vous écrire
des lettres larmoyantes, vous ne me croiriez
plus ! Veux tu m'envoyer un peu de
nécessaire pour réparations, fil,
aiguilles, un peu de soie et, si tu pouvais,
des ciseaux.
J'en termine ma chère petite Renée.
Embrasse bien tout le monde pour moi.
Bons baisers à ma petite soeurette.
Eugène. |
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