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Correspondance de Maximin (7 avril - 17 juin 1919)

Le temps m'y dure...

Dimanche grand matin Lyon 27 avril
Chère amie
Je te communique ces quelques lignes en te disant que ma petite santé est toujours favorable et je souhaite que ma présente te trouve de même ainsi que ta famille.
Je te dirai aussi que j'aurai pu m'en aller hier au soir sans perm mais comme il fallait que je rentre le soir, ça n'en valait pas la peine. Le dimanche va me paraître bien plus long et surtout la veillée.
Il n'y aura pas tout le charme que dimanche dernier. A chaque instant je pense encore à notre dernière entrevue. Enfin, j'espère que dimanche prochain je me débrouillerai pour aller et puis revenir le lundi.
Je te dirai que je continue toujours la plantation des patates et je voudrai bien que tu vois le travail qu'on fait. Tu rigolerais ! On ne craint pas de l'esquinter le tempérament ! C'est bien du régiment, c'est à celui qui en fait le moins !
Le temps n'a pas été très beau cette semaine passée et ni trop chaud mais malgré cela les muguets sont déjà fleuris dans les boutiques.
Je t'en envoie un petit échantillon. Ils ne sont qu'en papier, ils n'ont pas grand goût, pas besoin de les mettre dans un verre d'eau pour les conserver.
J'espère que tu les mettras autre-part !
Sur cela je te quitte car c'est dimanche aujourd'hui. J'ai envie d'aller à la messe pour mes petites âmes et puis pour que la classe vienne bien vite et j'espère que tu en feras autant de ton coté.
Reçois mes amitiés les plus affectueuses.
Lyon le 17 juin 1919
Viens de recevoir ta carte à l'instant et suis satisfait de ton petit communiqué mais ça m'ennuie beaucoup d'apprendre que vous soyez seules en ce moment qu'il y a tant de travail.
Je me demande comment vous allez vous débrouiller pour rentrer vos foins, ça sera pas sans peine et dire que dans les dépôts on est là par centaines ! C'est bien le coup de dire que notre gouvernement se f. de nous ! On ne sait quand on va être débarrassé de ce maudit métier. En tout cas le temps m'y dure bien que ça vienne...
Je n'ose presque pas te le dire mais je compte encore deux bons mois.
Samedi soir je ferai mon possible pour aller faire un tour au pays !
C'est à peu près sur et je crois que les cerises seront mures, ça fera une occasion pour manger quelques unes.
Sur cela je te quitte en te disant que la santé est toujours très bonne
et je souhaite que vous en soyez tous de même.
Il fait toujours bien chaud ici à Lyon mais comme je reste une grande partie du temps à l'ombre,
je ne risque pas d'attraper un coup de soleil.
Mes amitiés les plus sincères. Maxime

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